Le jour de sa mort, Claude François devait assister à l’enregistrement de l’une des émissions de Michel Drucker. Il lui doit aussi la rencontre de son épouse et de nombreux autres souvenirs que le film a réveillés.
Ce film vous a ému ?
« Oui, et pour énormément de raisons. J’ai passé des heures et des heures au côté de Claude François. C’est lui qui m’a présenté ma femme, il y a quarante-deux ans jour pour jour dans une émission. Je suis une des dernières personnes à lui avoir parlé au téléphone avant sa mort. Ce film ravive en moi beaucoup de souvenirs. »
Est-il fidèle à Claude François ?
« Oui, le film est très bon et la presse est quasiment unanime. C’est un film profond, sur un destin, avec une très bonne distribution qui m’a rappelé l’entourage de Claude François, et un grand acteur (Jérémie Renier) qui est d’autant plus époustouflant qu’il ne connaissait pas du tout le sujet. Le film montre parfaitement comment un petit gars a réussi à se hisser au top en partant de très loin. Florent-Emilio Siri (le réalisateur) a fixé la barre très haut. »
Cloclo n’était-il que le chouchou des minettes ?
« Non, non. C’était le chouchou des Français, une vedette familiale. On n’a pas assez dit à quel point il était populaire. Oui, il était méprisé par les intellectuels et une certaine presse, mais ça ne pesait pas lourd, même si ça le rendait malheureux. Il faut se souvenir du chagrin qui a bouleversé la France entière à l’annonce de sa mort pour mesurer la place qu’il avait dans le cœur des gens : c’était un deuil national. »
Son public s’est retrouvé privé de celui qui lui donnait envie de profiter de la vie ?
« Oui, et il n’y avait que lui qui pouvait porter ça, cette énergie. Sur les quarante tubes qu’il a laissés, 35 étaient faits pour danser. Sur scène, il déployait une énergie phénoménale. C’était un athlète. Et réussir à faire revivre ça, c’est l’incroyable performance de Jérémie Renier. »
Et en coulisses ?
« Claude François était un puriste. Il voulait tout contrôler, tout vérifier dans un débordement d’énergie permanent. Voilà pourquoi c’était aussi quelqu’un d’anxiogène et qui crevait tout le monde. Il était épouvantablement exigeant avec lui-même, mais il l’était tout autant avec les autres, même quand ils n’avaient pas les capacités physiques et nerveuses pour se donner autant que lui. »
INTERVIEW PARUE DANS LA NOUVELLE REPUBLIQUE – PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE COLINET