Après la publication de son nouveau livre, « De la lumière à l’oubli », Michel Drucker se confie.

De quoi parlez-vous dans ce nouvel ouvrage ?

C’est le premier livre que j’écris sur les coulisses du métier et la face cachée de la célébrité. Qu’on soit un homme politique, un chanteur, un homme de télévision, un comédien ou un sportif, qu’est-ce qui se passe quand cela commence à moins bien marcher, que le public s’éloigne de nous. Comment vit-on le retour vers l’anonymat.

C’est un sujet qui m’intéresse car j’en suis à ma troisième génération de gens célèbres, j’en vois défiler. Il y en a qui ont disparu, d’autres qui sont revenus. Moi qui suis là depuis très longtemps, un demi-siècle, je peux confirmer que la grosse difficulté dans notre métier, c’est la durée. Pour moi, on a réussi sa carrière quand on a duré. Durer c’est pouvoir faire le métier qu’on aime toute sa vie. Quand on est médecin, avocat ou enseignant, c’est possible. Faire toute sa vie le métier de la politique, du cinéma ou de la télé, c’est devenu très compliqué. On dépend uniquement du public, de nos électeurs.

Comment on vit quand ça s’arrête ? C’est un moment douloureux sur lequel je n’ai jamais rien lu, et c’est pour cela que j’ai voulu rendre hommage à Jacques Martin, à Pascal Sevran ou à Danièle Gilbert qui a été écartée de la télévision de manière très injuste. J’ai voulu rendre hommage aussi à ceux qui ont pratiquement terminé leur vie à la télévision. C’est le cas d’Eric Charden. J’aurais pu faire deux tomes si j’avais voulu tant la liste est longue. Et puis j’ai voulu raconter tout ce que j’ai vécu. Moi aussi j’ai été viré en Mai 1968 sur ordre du Général De Gaulle. Mon père était encore médecin à Vire.

A 71 ans, vous êtes toujours là. Cela vous surprend ?

Oui, car on n’est pas si nombreux à avoir traversé le temps. Il y a Jean-Pierre Foucault, Patrick Sébastien, qui est plus jeune que nous d’une décennie, Philippe Bouvard qui est toujours à l’antenne à 84 ans, il y a Pierre Bellemare. Voilà, on est très peu nombreux à être encore là après avoir débuté dans les années 60/65.

Mon père a été médecin à Vire jusqu’à l’âge de 80 ans. Atteint par une grave maladie, il a posé sa sacoche un jour d’août 1983, sinon je le voyais bien continuer à faire des accouchements à 85 ans.

Je veux vivre ma passion le plus longtemps possible. Les chanteurs continuent parce que le public est encore là. Comme le chantait Barbara, notre plus belle histoire d’amour, c’est le public.

J’appréhende la retraite comme tout le monde. Il n’y a pas de retraite chez nous. Je comprends qu’on attende la retraite quand on fait un métier très pénible, mais quand on fait des métiers artistiques comme les nôtres et que le public reste fidèle, on a du mal à décrocher. Le nombre de gens qui ont dépassé les 80 ans et qui font encore ce métier est impressionnant. Charles Aznavour, Annie Cordy, Michel Galabru et bien d’autres sont encore là.

Je rêve de mourir en très bonne santé en vivant ma passion jusqu’au bout.

Êtes-vous satisfait de votre parcours ?

Ce que je regrette c’est que mes parents ne soient plus là pour le voir. Ma plus belle satisfaction c’est qu’il y ait eu un film sur mon parcours qui a réuni près de cinq millions de téléspectateurs en décembre dernier. Je pense que mes parents seraient assez fiers de cela.

Pour y arriver, j’ai pu compter sur deux femmes clés qui me protègent dans ma vie. Françoise Coquet, ma productrice, qui est née le même jour que moi, qui fait tout pour je sois le meilleur possible quand je suis à l’antenne et Dany, mon épouse depuis 42 ans, qui s’occupe de tout car je ne fais rien d’autres que mon métier, et je ne gère rien. Je me contente de faire de la télé ou de la radio et du sport pour être en bonne condition physique. Mon métier me prend quinze heures par jour.

Qu’est-ce qu’il vous reste à prouver ?

Mon émission ne me lasse pas. Elle n’a jamais eu autant de succès alors qu’il y a de plus en plus de chaînes. Le public est d’une fidélité absolue depuis 14 ans.

J’aurais aimé présenter le journal télévisé, mais ma nièce Marie le fait très bien.

J’aimerais aussi un jour raconter, car je suis plus un conteur qu’un véritable écrivain ou romancier, faire une émission du style « je ne vous ai pas tout dis ». Je trouve également que je ne suis pas non plus allé suffisamment sur scène en public. J’aimerais faire une grande tournée pour aller parler de mon métier ou présenter un grand show qui aurait un rapport avec mon métier, genre « les années Champs-élysées ». J’adore être sur scène en public et je ne l’ai pas été assez souvent dans ma vie parce qu’on ne peut pas tout faire. Je me souviens du podium Europe 1 que j’ai présenté en 1986 avec Thierry Le Luron. Nous avions fait 45 villes avec 10 000 personnes présentes tous les soirs et c’est un souvenir très fort.

J’aurais bien aimé recevoir Nelson Mandela ou faire un jour un Vivement Dimanche avec le couple Obama.

Il y a aussi des choses que j’ai envie de réaliser mais qui sont éloignées de mon métier. Je suis en train de passer mes examens de pilote. Après l’hélico je passe à l’avion. J’aime bien ça. J’aimerais également grimper le Mont Ventoux à vélo encore une fois sans mettre pied à terre.

Regrettez-vous votre carrière de journaliste sportif ?

De temps en temps oui. Quand je regarde un match de l’équipe de France à la télévision, je baisse le son et je m’amuse pour voir si je suis encore dans le coup (rires). Je suis toujours le parcours du stade Malherbe de Caen ou du Stade Rennais. Tout ça, c’est mon enfance.

Comment réagissez-vous face aux attaques du Petit Journal sur Canal + ?

C’est le jeu du Petit journal. Avec un montage on peut faire dire n’importe quoi à quelqu’un. Tout ce qui fait rire ne me blesse pas. Les gens célèbres se font brocarder et c’est le jeu. Tant qu’on ne m’attaque pas sur ma compétence professionnelle tout le reste m’indiffère assez.

Depuis quelques années, Michel Drucker se lâche à l’antenne ?

J’ai toujours voulu rester en retrait et mettre les autres en valeur. J’aime jouer l’impertinence et l’insolence. Tous ceux qui me connaissent vraiment savent que je suis comme ça dans la vie. J’ai adoré côtoyer les Poiret, Serrault, Bedos, Coluche, Le Luron, Gerra et les chroniqueurs d’Europe 1. J’aime me marrer, pratiquer l’autodérision et c’est vrai que je rattrape un peu le temps perdu.

De quels monstres sacrés êtes-vous fier d’avoir croisé le chemin ?

Cassius Clay incontestablement. J’accompagne Johnny depuis 50 ans. On fait la même route tous les deux. Je suis très content d’avoir fait les 80 ans de Belmondo sur mon plateau.

Il y a des gens qui m’ont plus déçus sur le plan humain que les autres, Gilbert Bécaud, Yves Montand ou le commandant Cousteau sont cités dans mon livre. A contrario, des gens comme Omar Sy, Dany Boon, François Cluzet sont des gens magnifiques. Heureusement, il y a plus de monstres sacrés que de sacrés monstres.

Notoriété, avantage ou inconvénient ?

Le hasard a fait de moi un homme connu, médiatisé, mais je reste avant tout un homme libre. Les gens me respectent, respectent ma liberté, mon intimité. Le prix à payer c’est de ne pas passer inaperçu quand on est un homme public mais je n’ai pas à me plaindre parce que je fais un métier magnifique et le public est heureux de me témoigner sa sympathie, sa fidélité. Jamais je n’aurais imaginé en quittant Vire à l’âge de 17 ans que je ferais une carrière à la télé qui durerait 50 ans et qui est loin d’être terminée. Jacques Martin est resté 22 ans à l’antenne le dimanche après-midi, moi j’en suis seulement à 14. Il y a encore de la marge (rires).

Le relais, je vais le passer à mes deux nièces, Marie, qui fait une carrière magnifique, et Léa qui est une comédienne épatante. Le nom de Drucker va continuer à perdurer après moi grâce à mes deux nièces et j’en suis fier.

Vire, France

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