Grand-oncle d’une télé rassurante, agent d’accueil professionnel, école d’animation à lui seul, il publie « Une année pas comme les autres » et s’apprête, pour la première fois, à monter sur scène. Conversation.
On lui doit respect et fidélité, même si on avoue ne plus avoir regardé Vivement dimanche depuis… oh, depuis longtemps, même si on en connaît qui ne rateraient un numéro pour rien au monde. Quant au respect, oui, bien sûr. Michel Drucker est un animateur qui fait partie des meubles depuis cinquante ans (on a grandi avec lui) et il incarne une école à lui seul. Celle du sourire, de la bienveillance, de la promo et des questions qui ne fâchent jamais. Son canapé rouge est devenu l’un des endroits les plus cocooning pour les artistes, les politiques et les people qui savent qu’ils vont être bien traités, jamais malmenés
Dans ce monde de la télévision, boursouflé d’ego et de narcissisme larvé, il est devenu une sorte de parrain dont la jeune génération vante le professionnalisme (Drucker est une Rolls-Royce de l’animation) et que ses collaborateurs, déférents et un peu vieille France, appellent Monsieur Drucker. Devenu lui-même sujet de télé – ses mémoires « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi? » ont été adaptés en téléfilm – Michel Drucker est un sans-faute. Si ce n’était cette malheureuse et récente bavure concernant la fin proche de Michel Delpech qu’il regrette d’avoir évoquée.
« J’aimerais mourir après avoir fait une bonne émission. »
Cela n’a quand même pas suffi à entamer son immense popularité et une stature qui a fini par rassurer sa mère, Drucker s’étant toujours vanté d’avoir réussi sans avoir décroché le bac. Une stature dont il va livrer toute la dimension sur scène, dès le mois de janvier, dans un one man show qui devrait faire courir le Tout-Paris (son écosystème de septembre à juin) mais aussi faire le tri dans une masse de souvenirs accumulés depuis des années. « Le premier qui m’a encouragé à faire ce spectacle, c’est Fabrice Luchini, explique Drucker, pas peu fier de la référence. Je lui ai fait vingt minutes de mon spectacle et il m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi je ne l’avais pas fait plus tôt. »
Dans votre livre – Une année pas comme les autres – vous dites que vous avez toujours été un peu jaloux des comédiens. Aujourd’hui, vous avez décidé de monter sur scène. Depuis quand en aviez-vous envie?
MICHEL DRUCKER – Depuis très longtemps. Je ne suis pas un homme de théâtre, ni un humoriste, je vais simplement raconter mes souvenirs d’homme de télévision. Mais c’est vrai que, durant toutes ces années passées à raconter des anecdotes à des gens comme Michel Serrault, Jean Poiret, Thierry Le Luron, Guy Bedos, Jean-Claude Brialy, Laurent Gerra, ils m’ont tous dit: « Mais pourquoi tu n’irais pas sur scène raconter tout ça? » J’ai donc décidé de plonger et d’aller vers les gens. Mais je ne viens pas sur scène pour faire des sketches et être drôle. Si ça fait rire, tant mieux, mais je viens sur scène pour émouvoir. Je parle beaucoup des autres dans ce one man show, mais à travers eux, je parle de moi. C’est un spectacle sur ce que j’ai vu, mais il y aura quand même ma mère qui passera de temps en temps.
La suite dans le Moustique du 2 décembre 2015