Michel Drucker fera étape à Issoudun, le 6 février, pour son one-man-show. – (Photo archives NR)

Michel Drucker commence la tournée des salles avec son one-man-show “ Seul avec vous ”. Il sera sur la scène d’Issoudun, samedi 6 février.

Vous avez derrière vous cinquante années d’une carrière riche et variée. Mais c’est la première fois que vous tentez un one-man-show. D’où vient cette envie de vous mettre ainsi en danger ?

« Au cours de ma carrière, je me suis plus souvent mis en danger qu’on l’imagine. Mais comme les choses se passaient bien, ça ne se voyait pas. Par exemple, j’ai toujours arrêté mes émissions quand elles marchaient bien. La plus grande prise de risque, c’était il y a dix-huit ans quand j’ai accepté de remplacer Jacques Martin, le dimanche après-midi, ce que tout le monde considérait comme une folie. J’ai toujours pris des risques, sinon je ne serais peut-être plus là… »

Cette nouvelle aventure sur scène relève quand même du défi pour vous…

« C’en est un. J’y pense depuis longtemps. On m’a tellement téléphoné en me disant :  » Il faut marquer le coup ; c’est aussi les 50 ans de l’ORTF, les 40 ans de l’Ina, tu es une figure emblématique de l’histoire de la télévision avec Zitrone, Guy Lux, Jacques Martin…  » Je me suis surtout dit que j’étais le seul encore vivant, que tout ça sentait la nécro et le César d’honneur ! Alors, j’ai refusé et j’ai préféré marquer le coup autrement. »

«  Être avec des gens normaux  » Marquer le coup en allant à la rencontre du public…

« C’est ça. Quitte à regarder dans le rétro, pourquoi ne pas le faire avec les gens ? Si je suis encore là, c’est grâce au public. J’ai eu envie de ce moment d’intimité avec lui. D’où le titre de mon spectacle, Seul… avec vous. J’ai côtoyé toute ma vie des personnalités. Là, j’avais envie d’être avec les gens normaux. Sans paillettes, ni stars. Je leur propose de faire la fête ensemble, le temps d’une soirée. Dans le spectacle, je leur dis : «  Mes souvenirs sont les vôtres. Ça va vous rappeler cinquante ans de votre vie, vous émouvoir, vous faire sourire.  » C’est une façon de vider le disque dur… pour les cinquante prochaines années. »

Pour ce spectacle, avez-vous demandé conseil à des pros du one-man-show ?

« Je ne suis pas un humoriste, ni un acteur. Mais je n’ai pas voulu prendre une batterie d’auteurs pour écrire le spectacle. Ce sont mes souvenirs. Je me suis fait aider pour les décors et la scénographie mais le reste, je l’ai fait tout seul. C’est comme si on feuilletait un album de famille. Le récit est entrecoupé de photos, d’extraits d’émissions. Je rends aussi hommage à mes pairs, à ma manière. »

Avez-vous le trac ?

« Oui. Forcément. Pour la première fois, je suis seul dans la lumière. Mon interrogation est aussi de savoir comment je vais tenir physiquement. Je n’ai plus 20 ans. Pendant trois mois, je vais travailler du lundi au jeudi en télé, puis prendre le train pour jouer le vendredi et samedi, dans trente villes. Je me donne un mois pour voir comment je gère et s’il me reste suffisamment d’énergie pour la télévision. »

C’est donc votre forme qui orientera votre décision de resigner, ou non, à la télévision. Rien à voir, alors, avec la polémique récente sur le « rajeunissement des marques » à France 2 ?

« J’anime Vivement dimanche depuis dix-huit ans. C’est l’émission la plus longue de mon parcours. Toute la question est de savoir quand s’arrêter. Si mon spectacle fonctionne bien, j’ai le sentiment que je serai à un tournant de ma carrière. Mais je ne me sens pas concerné par cette polémique car Vivement dimanche est au top. Renouveler des émissions à bout de course, c’est normal. L’âge du capitaine n’est pas le problème. Vouloir rajeunir le public des grandes chaînes, c’est un leurre car les jeunes ne regardent pas la télé. Ils sont sur les autres supports. »

Vous avez déclaré que vous étiez le premier étonné de votre longévité…

« Je n’arrive toujours pas à le croire. C’est d’ailleurs pour ça que je vais le vérifier sur scène, avec les gens. J’ai connu trois générations de chanteurs, d’hommes politiques, de sportifs, d’artistes. Même chose pour le public : une génération m’a connu pour mes reportages sportifs ; une autre pour Champs-Élysées et une troisième pour Vivement dimanche. Forcément, ils ont un rapport avec moi, émouvant. »

Pourquoi ce choix de commencer votre tournée par la rencontre du public breton puis par la Touraine ?

« Je tenais à commencer par Rennes, où ma mère et mon frère ont été sauvés en 1942, pendant la guerre. Je voulais aussi venir à Tours car j’ai un rapport fort avec la Touraine : mon père y a fait ses études de médecin et mon frère y habite aujourd’hui. Je terminerai ma tournée aux Bouffes parisiens : c’est une promesse que j’avais faite à mon ami Jean-Claude Brialy. »

 

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31 juillet 202216:10

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