Michel Drucker balaie, pendant deux heures, plus de 50 ans de carrière (Photo : D8)

Samedi 16 avril, Michel Drucker sera sur la scène du Casino de Toulouse avec son spectacle « Seul… avec vous ». Confidences d’une star pudique qui fête ses 52 ans de télévision.

Côté Toulouse. Quel déclic vous a poussé à monter sur scène pour raconter les meilleurs moments et les rencontres qui vous ont marquées tout au long de votre carrière à la télévision ?

Michel Drucker. Je gamberge là-dessus depuis un petit moment. 2016 marque ma 52e année à la télé et j’avais de plus en plus envie de me rapprocher de mon « vrai » public, celui qui me regarde, loin des paillettes.

Dans mon parcours, j’ai rencontré des gens célèbres, des sportifs, des politiques, des acteurs… Tout est parti d’un coup de téléphone, en 2014, d’un ami journaliste à TV Mag, qui me dit : « Pour les 50 ans de l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française), un sondage va sortir : tu es la première figure emblématique de l’histoire de la télévision ». Cela a été un choc pour moi. Je suis un survivant. Il existe aujourd’hui 5 000 heures d’images me concernant !

Coïncidence : le même jour, je reçois un appel d’un autre confrère, qui travaille au Parisien/Aujourd’hui en France. Il me parle d’un autre sondage en rapport avec le salon des seniors. « Tu es la personnalité préférée des seniors avec Aznavour et d’Ormesson ». Bon, des plus jeunes y figuraient comme Annie Cordy ou Line Renaud ! (il rit). Après cette conversation, j’ai longuement réfléchi. J’ai pas vécu tout ça, c’est pas possible ? Quelle est mon image ? Johnny Hallyday était l’idole des jeunes, et j’étais donc devenu l’idole des vieux.

« Je suis rentré dans mon bureau et j’ai ouvert mon album photos. J’en ai regardé des milliers, que je garde pour ma maman. Voilà, je serai naturel sur la scène toulousaine, comme si on prenait le café. Mes souvenirs sont les vôtres. 50 ans de carrière : je n’arrivais pas à le croire… »

CT. Comment qualifier votre seul-en-scène ? Un show d’humour, un récit autobiographique ?

MD. Durant 1 h 45-2 h, je déroule les pages d’un album de trois générations, de mes débuts de journaliste sportif avec Roger Couderc. Ce n’est pas un spectacle d’humour. Arthur, Cauet et Courbet, eux, veulent faire rire, font le show. Beaucoup d’humoristes m’ont d’ailleurs proposé de co-écrire un spectacle d’humour. Comme je le dis dans le spectacle, je ne suis pas un acteur, pas un humoriste.

« Ce que je propose n’a jamais été fait. Il faut 50 ans de vécu pour le faire et il n’y a que moi pour le raconter. Je raconte la partie immergée de l’iceberg, les coulisses de ce monde cruel, comment je l’ai vécu, ce qui m’a surpris… Je raconte mon Ziteone, mon Delon, mon Belmondo, mon Mr et Mme Chirac mon Giscard d’Estaing, mon Mitterrand, mon Sarkozy… Comment, aussi, j’ai succédé à Jacques Martin. Vous vous rendez compte de la responsabilité, à l’époque ? »

J’aime parler des gens tels qu’ils sont en-dehors de la scène, quand les lumières s’éteignent comme Johnny, qui est drôle, émouvant, surprenant. C’est un one-man-show sans le show, un récit doublé d’un devoir de mémoire. Je suis un conteur.


L’animateur réfléchi déjà à un deuxième spectacle (Photo : Guillaume Gaffiot)

CT. Vous vous permettez également des imitations. Une vocation tardive ?

MD. Je m’amuse à imiter Lucchini, Johnny, Depardieu, Giscard, Chirac, Louis Jouvet… Mais ce sont des imitations approximatives, des imitations d’imitateurs.

J’annonce la couleur dès le début du spectacle ! Je prends des cours particuliers avec Laurent Gerra et je me suis entraîné un jour avec Fabrice Lucchini, pendant une demi-heure, dans une salle vide.

CT. Quels ont été vos soutiens à cette initiative parmi vos proches ?

MD. Ma fille Stéphanie a fait la scénographie et Laurent Ruquier m’a encouragé, c’est lui qui a écrit le texte du programme. Au départ, je n’étais pas convaincu. J’allais raconter quoi ? Puis il y a eu les attentats de novembre à Paris, la peur de me faire flinguer par la presse, la question de la ma santé… J’avais toutes les raisons de ne pas aller plus loin.

Finalement, les copains, Laurent Gerra, Charles Aznavour, Michèle Bernier, Dominique Besnehard…. sont venus me voir et les salles sont remplies. La scène fera partie de ma vie.

CT. Vous parlez de cruauté du métier. Mais vous avez réussi à échapper aux changements de modes, même au jeunisme contrairement à d’autres animateurs ?

MD. En télé, tous les 10-15 ans, il y a un cycle. Dans le spectacle, je décris comment j’ai failli disparaître du paysage audiovisuel. S’inscrire dans la durée, c’est beaucoup de travail. Durer 25 ans, c’est une performance, 30 ans, c’est rarissime, même aux États-Unis ou ailleurs.

« Là, 52 ans, toutes ces heures de vol, je ne trouve pas d’explication. Je suis un cas à part, le seul à avoir traversé le temps. J’ai aussi évité les malchances, la maladie, les contre-performances même si, comme dans le Tour de France, certaines étapes sont plus difficiles que d’autres. Des tournants, j’en ai connus. »

CT. L’arrêt de « Vivement Dimanche » la saison prochaine, tout du moins l’émission de l’après-midi, a-t-il été un coup dur ?

MD. La version du soir passe en access prime time entre 18 h et 20 h et c’est la tranche qui fait la meilleure audience. Avec cette nouvelle version, je ne pouvais pas cumuler avec deux heures d’émission l’après-midi, plus le spectacle. La télé reste ma passion… et mon premier métier puisque j’ai resigné avec France Télévisions pour deux ans.

CT. La fin de votre carrière à la télé : est-ce quelque chose que vous appréhendez ?

MD. Vous savez, c’est miraculeux d’être encore là à mon âge.

« J’aurai 74 ans en septembre et quand je le dis, les gens ne le croient pas. J’ai eu une carrière multiple dans un métier dangereux. L’âge n’est pas une raison. Regardez Aznavour : il en a 92… Je ne parle pas non plus de retraite car je ne m’arrêterai jamais. J’ai la radio, la scène, les livres… J’ai d’autres préoccupations. »

CT. Y aura-t-il une suite de « Seul… avec vous » ?

MD. Je pense en effet à un deuxième spectacle car je ne raconte que 20% de ce que j’ai fait et vécu.

CT. Et vos souvenirs avec Toulouse, quels sont-ils ?

MD. J’ai beaucoup d’amis et de souvenirs à Toulouse comme avec Just Fontaine, Michel Plasson (qui a dirigé l’Orchestre national du Capitole durant près de 35 ans, ndlr)… Je connais par coeur Toulouse, la ville du regretté Claude Nougaro, des Zebda, des Chevaliers du Fiel, de Dominique Baudis, de Philippe Douste-Blazy, Francis Cabrel n’est pas loin…

Toulouse, c’est aussi Airbus et l’aéronautique, les Pyrénées et le Tour de France, le rugby où j’ai des amis, la tragédie d’AZF en 2001 où j’avais présenté une émission à Toulouse. J’aime aussi le Tarn, Castres, Mazamet, d’où est originaire Laurent Cabrol.

J’aime ce Midi, cette qualité de vie. Il y a beaucoup de belles choses chez vous.

 

                               Petit teasing en vidéo de Michel Drucker himself !

                                                                      

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