Parole de maître : portrait de Michel Drucker & Isia

Interview exclusive de Michel Drucker pour dogfidelity

Michel Drucker et Isia

« Ma chienne Isia m’est indispensable et inversement, je pense qu’elle ne peut pas vivre sans moi. Je suis convaincu que les chiens savent beaucoup plus de choses que nous ».

Préambule :

Au-delà de l’homme de télévision que l’on ne présente plus : vous êtes la mémoire du petit écran, l’ami des stars, l’animateur le plus populaire de France.

Vous êtes également L’homme de plusieurs passions :

  • Vous vouez une passion toute particulière pour le sport notamment pour le vélo.
  • Vous êtes également un passionné d’aviation, un pilote chevronné d’hélicoptère et vous pilotez depuis plusieurs années des avions de tourisme types « Cessna »
  • Vous êtes également un homme de théâtre et ca c’est nouveau ! puisque vous entamez toute une série de représentations en One Man Show intitulé « Michel Drucker seul …avec vous ! », un spectacle plein d’humour et d’émotions puisque vous évoquez les coulisses de 50 ans de rencontres avec des personnalités et des anecdotes parfois inédites.

Parmi toutes ces passions, il y a une que vous partagez avec votre femme Dany Saval depuis toujours, une passion qui est la pierre angulaire de votre vie commune, il s’agit de votre passion pour les animaux et plus particulièrement pour les chiens.

Vous avez d’ailleurs écrit en 2007 un très bel ouvrage intitulé «  Nos fidèles compagnons » présentant 70 races de chien, leur caractéristiques, illustrées par de magnifiques photos et dont la préface est co-écrite par votre femme Dany.

Dogfidelity : Quel a été le point de départ de cette passion commune ?

Nous avions tous les deux une passion pour les animaux avant de nous connaître.

Dany très jeune était folle des animaux, au point qu’un jour lorsqu’elle a arrêté son métier de comédienne, elle avait 29 ans, l’âge à laquelle nous nous sommes rencontrés, elle s’est consacrée de manière très sérieuse, passionnelle et militante à la protection animale.

Au début de ma carrière je travaillais déjà énormément, je n’avais pas de chien avec moi à Paris parce que je ne pouvais pas m’en occuper. Lorsque j’ai rencontré Dany j’ai commencé à habiter chez elle les premières années tout près de la télévision. Elle avait alors des Whippets, ces petits lévriers qu’on ne voit plus malheureusement, et soudainement je suis passé du céliba à un homme de famille avec la fille de Dany qui est maintenant très grande et avec ses animaux.

Elle avait à l’époque trois Whippets et une petite maison en Normandie , pas loin de Paris, où il y avait déjà quelques animaux et quelques volatiles.

Et puis très vite je lui ai dit « Si un jour, ma carrière prend un peu plus d’ampleur et si je peux me le permettre, je t’achèterai un terrain à la campagne en Provence où il y aura des animaux », car c’était son rêve.

De mon coté, j’aimais tous les chiens en général particulièrement les Setters. Avant de rencontrer Dany, j’étais donc très jeune, j’étais avec une jeune femme hôtesse de l’air, qui avait un Cocker noir prénommé Mike, j’adorais ce chien, et comme elle n’était pas tout le temps là, c’est moi qui m’en occupais.

Les animaux ont toujours fait partie de ma vie, mais Dany c’était autre chose. Cette passion pour les animaux, elle l’a depuis l’enfance, un peu comme Brigitte Bardot. Elle voulait en faire une véritable occupation à plein temps. Force est de constater que c’est aujourd’hui le cas : entre son Association LI-ZA, son journal, deux heures par jour aux animaux et le reste à l’intendance. Moi, je ne m’occupe de rien, je ne sais faire que de la télévision et je ne pourrai pas m’en occuper avec tout ce que je fais par ailleurs.

Dany n’aurait jamais fait sa vie avec quelqu’un qui n’a pas une relation forte avec les animaux. Je ne vois d’ailleurs pas un couple s’installer dans la durée, si l’un des deux est fou d’animaux et l’autre y est allergique.

A Paris, nous avons des chats, des Afghans, des petits Yorkshires. Tout ce petit monde se rend avec nous en Provence et rejoint les animaux de l’Association LI-ZA.

L’activité de Dany a pris une grande ampleur puisque chaque année, elle permet d’aider des centaines d’animaux. Je vous appelle de Provence dans les Alpilles, à 50 mètres du terrain avec la petite maison où les ânes ont déjà mangé, les chiens et chats aussi. Nous avons en gros une trentaine de chiens et autant de chats.

La Provence est devenue mon deuxième pays après avoir grandi en Basse -Normandie.

Mes parents reposent en Provence, mon père a terminé sa vie au pied des Baux de Provence où il repose sous un olivier. Ma maman repose au cimetière du petit village d’Eygalières où est située notre maison.

Dogfidelity : Avez-vous toujours eu des chiens dans votre vie, dès votre enfance ?

Ma mère avait un petit Loulou en Normandie , ensuite un Setter qui s’appelait Gary comme Gary Cooper , un chien que l’on a adoré avec mon frère, qui était roux et qui est mort d’une crise cardiaque en courant sur une plage normande. Ensuite j’ai quitté la maison à 17 ans et après je n’ai plus eu de chiens pendant un bon moment car je me lançais dans la vie active. J’ai renoué ma passion pour les animaux avec Mike le Cocker noir et ensuite avec les Whippets de Dany.

Dogfidelity : On ne présente plus Isia, votre chienne est omniprésente sur tous vos plateaux. Comment est arrivée Isia dans votre vie, pouvez-vous nous raconter son histoire ?

zaza1Chronologiquement, il y a 30 ans j’ai eu un Whippet qui s’appelait Zaza, elle avait les oreilles toutes droites, on aurait dit un petit Fennec. Zaza était connue de la France entière pendant les années 75-85. Elle était d’ailleurs l’héroïne d’une bande dessinée.
C’était le Whippet le plus célèbre de France. Il y a d’ailleurs des archives de la télévision où Zaza est sur le canapé où à mes pieds. Ensuite j’ai eu une autre chienne, puis Olga, une chienne blanche et noire que j’emmenais partout avec moi et qui est morte il y a dix ans.

michel5Je n’ai plus pris de chien pendant les trois années qui ont suivi sa mort, parce que je ne m’en remettais pas et Isia est entrée dans ma vie grâce à Gérard Lenormand qui est venu un jour sur le plateau avec un chien qui m’a fasciné, c’était un Border Collie.

J’ai toujours été fasciné par les chiens de Berger. Ce chien m’a tellement séduit que j’ai dit à Marie, la compagne de Gérard Lenormand, « Ecoutes, s’il y a un jour un chien qui ressemble exactement au tien, surtout tu me préviens ».

Et puis les mois ont passé et la compagne de Gérard Lenormand m’a contacté en me disant « Vas sur Internet, il y a le sosie de notre chienne ». Effectivement, c’était le cas, mais elle était encore plus jolie, c’était Isia.

Un élément m’a vraiment troublé en réalisant mes recherches, j’ai découvert qu’Isia se trouvait dans une maison d’accueil à Niort et qu’elle était issue d’une région en Roumanie, la région et le pays d’origine de mes grands parents.

C’est une chienne qui a été sauvée des fourrières, parce qu’en Roumanie, les animaux sont massacrés. Il n’y a pas de campagne de stérilisation des animaux là-bas donc il y en a trop. Des fourrières sillonnent les villes, le soir avec des types en uniformes avec des gourdins et des battes de baseball. Ils massacrent les chiens et les jettent dans les camions estropiés, gravement blessés, voir mourants pour ensuite s’en débarrasser.

Isia a échappé à cette horreur, elle avait 8 mois lorsqu’elle a été trouvée sur un trottoir en plein hiver avec sa sœur, je ne sais d’ailleurs pas ce qu’elle est devenue.

Dogfidelity : Ce prénom Isia fait-il référence à quelque chose en particulier ?

Isia a été trouvé dans la ville de Iasi, une ville universitaire du nord de la Roumanie. J’ai donc inversé les lettres et j’ai appelé ma chienne Isia .

C’est une brave dame qui s’occupe d’un refuge à Bucarest qui réussit à sauver un maximum de chiens chaque année. Cette dame est en liaison avec des refuges et des familles d’accueil en France et c’est par ce biais qu’Isia est arrivée à Niort.

Lorsque je l’ai découvert sur internet, j’ai pris contact avec cette famille d’accueil. Elle est venue à Paris, il y a presque trois ans maintenant. J’ai eu beaucoup de difficultés à apprivoiser Isia étant donné qu’elle avait été victime de maltraitance. Isia était terrorisée, elle était recroquevillée dans un coin de l’escalier chez moi et j’ai bien mis au moins huit jours et huit nuits avant de pouvoir l’approcher.

A mon avis, elle avait passé une partie de sa petite enfance dans les égouts ou bien cachée, je ne sais où, pour éviter les fourrières.

Elle reste encore extrêmement craintive, quand elle ne connaît pas les gens. Elle s’est tout de même habituée aux invités, aux plateaux, aux lumières mais elle reste sur ses gardes, comme tous les chiens qui ont été battus et martyrisés.

Dogfidelity : Qu’est ce qui vous plait particulièrement dans le Border Collie ?

D’après ce que j’ai pu lire, c’est un des chiens les plus intelligents au monde. Je vais d’ailleurs voir cet été comment elle se comporte avec un troupeau de moutons, si elle les ramène.

C’est un chien absolument exceptionnel. Probablement le plus incroyable que je n’ai jamais eu ! Isia comprend tout à l’intonation. Elle a mémorisé un nombre de mots absolument incroyable. Je parle avec ce chien comme je parle avec un être humain. Elle analyse tout. Le matin elle me voit partir en tenue de cyclisme, elle sait que c’est pas la peine de me suivre, que je ne reviendrai pas avant un petit moment. Elle a un chronomètre et une montre dans la tête. Entre le moment où elle entend le bruit de la douche et le petit déjeuner, elle sait précisément combien de temps cela va durer.

Je suis convaincu que les chiens savent beaucoup plus de choses que nous.

Dogfidelity : Isia vous suit-elle partout ?

Elle me suit absolument partout ! Quand je pilote elle est derrière moi. Elle saute sur l’aile de l’avion et monte toute seule dans le cockpit. J’ai toujours une main qui traine pour vérifier que tout va bien. En revanche elle n’est jamais en hélico avec moi car c’est trop dangereux car il y a des commandes au pied. Sinon dans le TGV, à mon bureau, à la télé elle est avec moi et à la rentrée elle sera présente aussi, puisque l’on m’a demandé de faire beaucoup plus long le soir.

Notre relation est tellement fusionnelle qu’Isia ne mange pas quand je ne suis pas là. Donc ca veut dire que c’est très compliqué. On va lui préparer tout à l’heure à manger, mais elle ne mangera pas si je ne suis pas assis à coté d’elle. J’ai réalisé cet hiver et je continue d’ailleurs cet été et cet autonome une grande tournée avec mon One Man Show.

Cet hiver, j’ai fait une trentaine de villes, je pars avec sa gamelle et sa nourriture, avec ses boites, elle mange dans ma chambre d’hôtel. Lors de mes déplacements en province, je demande un hôtel avec un jardin autour, sinon je ne viens pas.

C’est un chien qui est arrivé dans ma vie il y a donc trois ans, j’aimerais bien qu’elle vive très longtemps. Je ne sais pas si elle sera le dernier chien de ma vie parce qu’un chien vie entre dix et quinze ans. Ma femme trouve qu’elle me ressemble tellement, je suis quelqu’un de très impatient, et pour faire tout ce que je fais, il faut que ça aille vite, donc on se ressemble beaucoup.

C’est un chien qui m’est indispensable et inversement, je pense qu’elle ne peut pas vivre sans moi.

Dogfidelity : Vous qui êtes sportif, pratiquez vous une activité avec Isia ?

Je marche beaucoup avec elle, mais elle ne me suit pas en vélo, quand je nage, elle reste à mes cotés mais sans aller dans l’eau car elle n’aime pas l’eau. J’ai un très grand jardin en Provence où elle court beaucoup.

Dogfidelity : Quels adjectifs vous viennent spontanément à l’esprit lorsque vous pensez à Isia ?

Intelligente et émouvante car je sais d’où elle vient.

Dogfidelity : Paul Valery disait « Tout le chien est dans son regard ». Que pensez-vous de cette citation ?

Oui c’est vrai. Je vois d’ailleurs dans son regard qu’elle n’a qu’une angoisse, c’est que je l’abandonne.

Dogfidelity : De nombreuses histoires mettent en avant la loyauté, la fidélité et l’amour qu’un chien peut avoir pour son maître. L’histoire de Bobby en est le parfait exemple, celle d’un petit skye-terrier devenu célèbre à Edimbourg en Écosse, où la ville lui a érigé une statue en son honneur. Bobby  était tellement attaché à son maître qu’après le décès de celui-ci, il ne quitta jamais sa tombe.

Ces critères de fidélité, de loyauté et d’amour, les retrouvez-vous chez Isia mais également chez vos précédentes chiennes ?

Oui, je les retrouve chez mes précédentes chiennes, Olga était comme cela aussi. Mais Isia c’est particulier et encore plus fort parce que c’est le premier chien que j’ai, qui a un passé douloureux. De mes précédents chiens, je savais tout sur eux et sur leur passé puisqu’ils venaient d’élevages. Ils ont été gâtés dès petits. Si vous prenez un enfant de la DASS et un enfant élevé dans le confort, ce n’est pas le même parcours. Il y a une très belle chanson de Jean Ferrat qui dit « Nul ne guérit de son enfance »

Dogfidelity : Un adage populaire dit « Peu importe le nombre de chiens qui a traversé votre vie, l’un d’entre eux sort toujours du lot » ou« Dans une vie, on n’a qu’un chien ». Êtes-vous d’accord avec ce dicton ?

Probablement. Le premier chien, c’est le chien de l’enfance. Quand on est un enfant, l’arrivée d’un chien dans une vie, c’est quelque chose de très important. Mais je n’oublie pas mes autres chiens, pas du tout. Ma petite Whippet Zaza était aussi une chienne extraordinaire.

Avec l’âge, la présence d’un chien est très importante, elle est presque plus indispensable que la présence des humains. Il y a une phrase qui dit « La gratitude et la reconnaissance sont des maladies du chiens non transmissibles à l’homme ».

Je pourrai aujourd’hui vivre seul avec mon chien. Les hommes sont capables de tels horreurs qu’avec ma femme ont est très repliés avec nos animaux. On peut ne voir personne. Dany est d’ailleurs la femme d’un homme public la plus discrète du monde. Elle ne veut pas laisser ses animaux.

Dogfidelity : Dogfidelity a récemment réalisé l’interview très émouvante de Béatrice Monnet, fondatrice et présidente de l’association L’Europe des Lévriers et celle de votre ami Dave suite à la parution de son livre « Ma chienne de vie » pour sensibiliser les internautes à l’adoption.

De votre côté, vous soutenez également de nombreuses Associations à commencer par celle de votre femme, l’Association LI-ZA, mais également de nombreuses Associations Caritatives « Labonneetoile.org », « Revesdegosse.fr ». D’où vous vient cette volonté et/ou ce besoin d’aider les autres ?

J’ai toujours voulu aider les autres, j’ai toujours eu le goût des autres. Je voulais être médecin comme mon père mais comme j’étais un cancre, j’ai dû arrêter les études, au grand regret de mon père, d’où mon livre à succès « Mais qu’est ce qu’on va faire de toi ? ». Ce qui fait que quand on est célèbre, autant se servir de son nom pour aider les autres, même si je ne peux pas répondre à toutes les demandes.

Je suis parrain de « Toutes à l’école » fondée par Tina Kieffer, qui a construit un hôpital au Cambodge et qui a sauvé une centaine de petites filles de la misère et de la prostitution. J’ai recueilli chez moi pendant 10 ans, une petite cambodgienne de 16 ans qui avait échappé au massacre des khmers.

J’ai toujours eu dans ma vie, pleins de jardins plus ou moins secrets. Je ne pourrai pas faire ce métier uniquement avec des gens célèbres en vivant uniquement au milieu des paillettes et des élites. C’est aussi pour cela que j’habite beaucoup en province. Je ne pourrai pas concevoir ma vie sans m’occuper des autres. Mon père a toujours aidé les ouvriers et les paysans.

Le jour où j’arrêterai ce métier, je travaillerai pour la protection animale ou bien pour une ONG.

Dogfidelity : Les vacances d’été sont derrières nous et malheureusement nombreux sont les animaux qui encore cette année ont été abandonnés. Environ 48.000 animaux de compagnie avaient été abandonnés en été 2015….A votre avis, que faudrait-il mettre en place pour minimiser l’acte d’abandon ?

Tout dépend à quel âge on adopte un chien. Ceux qui ont eu des chiens tous jeunes sont sensibilisés. Pour moi, c’est une question de sensibilité. Il y a des gens qui n’ont pas encore compris qu’un animal est un être vivant, au même titre qu’un être humain. Les personnes qui abandonnent leur animal pendant les vacances, sont des gens qui dans la vie ne sont pas préoccupés par les autres. Je ne peux pas imaginer une seconde partir en vacances sans mes animaux.

Une anecdote qui fait beaucoup rire lors de mes représentations. Je suis hypocondriaque et je n’arrivais pas à joindre l’un de mes dix médecins de garde. C’est alors que j’entends ma femme me dire «  Mais je ne vois pas pourquoi tu t’inquiètes, le vétérinaire vient ce soir ! Mais si tu verras c’est la même chose ! » . Et là sur scène j’ajoute « Le vétérinaire est venu, il a trouvé que j’avais la truffe chaude, et donc que j’avais un peu de fièvre » et je termine par « Vous verrez qu’un jour je mangerai des croquettes et je terminerai dans le panier ! ».

Adopter un chien c’est une grande responsabilité, c’est l’avoir à ses cotés pendant dix ou quinze ans. C’est un être vivant, qui mérite le même respect, le même traitement que les autres êtres vivants de cette planète.

La loi est en train de changer mais mon dieu ce que ça été très lent. On a considéré pendant des années qu’un animal de compagnie était un meuble ! Depuis quelques temps, jamais il n’y a eu autant de livres d’intellectuels, de romanciers qui découvrent que finalement, le chien a les mêmes réactions que nous, et que le chien souffre au même que nous, même s’il ne l’exprime pas comme nous.

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