Pendant la guerre, quand mon père était en captivité, j’étais dans le ventre de ma mère. Et pour les raisons que vous imaginez, on était cachés dans un village breton. Les gens qui nous avaient cachés pendant la guerre habitaient à Plémet. C’était la famille Fajet. Jacques Fajet dirigeait un sanatorium de Bodiffé. Et ce monsieur Fajet était de Carmaux. J’y suis allé quand j’avais 12 ans. Ils avaient un magasin de tissus dans cette famille. Je suis venu en vacances. Et plus tard, le hasard, le rugby, les circuits d’Albi m’ont ramené ici. Je vous rappelle des souvenirs de 60 ans. Après, j’ai eu un ami proche, qui habite à Castres, Laurent Cabrol. Et je suis venu ici, et j’ai découvert toute la région. Cette région-là est très importante pour moi. Depuis que j’ai mon permis de pilote, je viens dans le coin plus souvent. Je suis venu beaucoup plus tôt car l’une des enfants du docteur Fajet, Jeanne Fajet, habite ici. À chaque fois que je viens à Albi, je viens la voir. Car ses parents ont aidé les miens. C’est un coin qui me rappelle des souvenirs de l’enfance et professionnels. Je pense à Georges Pompidou. C’est une région importante. Ce n’est pas pour rien que c’est la patrie de Jaurès. Quand je viens ici, je suis heureux.
Vous venez pour le Gran Fondo aussi. Quel est votre rapport au sport ?
J’ai commencé ma carrière comme journaliste sportif en 1964. On m’a fait faire tous les sports. J’ai suivi quatre Coupes du monde. J’ai fait celle de 1970, gagnée par Pelé, sa dernière. En 1974, j’ai commenté la Coupe du monde en Allemagne. 78, celle avec Platini en Argentine. Et en Espagne en 1982 quand Schumacher avait heurté Patrick Battiston. J’ai terminé en 1986. Mon dernier match, c’était le quart de final Brésil – France, avec le penalty de Luiz Fernandez. Le vélo est arrivé plus tard.
Et votre relation au vélo donc ?
Dans les années quatre-vingt-dix j’ai suivi le Tour sur France 2. Je me suis dit que je voulais savoir ce que c’était. J’en avais vu tellement en baver. J’ai commencé le vélo à 50 ans. C’était beaucoup trop tard. J’avais aucun entraînement. J’ai tellement souffert. Puis on m’a embarqué au Téléthon. En 1990, on m’a fait faire le Mont Saint Michel jusqu’au plateau du Téléthon. Plus de 500 km. En arrivant chez moi, j’étais décomposé. “T’as commencé par l’Everest “on m’a dit. Et maintenant je continue, je fais 3 500 km par an mais sur les conseils de mon cardiologue je monte sur un vélo de course avec assistance électrique. Je fais aussi de la natation. Je suis pilote… J’ai plein d’autres jobs. Je passe presque plus de temps avec des champions qu’avec d’autres stars.
C’est quoi le remède pour ne pas vieillir ?
Écoutez-moi, et je ne dis pas ça par coquetterie, je me pose la question tout le temps. La nouvelle génération est venue me voir et me demande comment durer. Je m’interroge. Le fait de ne pas avoir fait d’étude n’y est pas étranger. Je suis sorti de l’école à 17 ans. Je suis arrivé à une époque où il n’y avait qu’une chaîne, pas Wikipédia, pas de téléphone. Et on nous a demandé de faire des choses incroyables à 22 ans. On faisait le journal de 13 heures à trois. Et donc on m’a appris très tôt à tout faire. Il fallait être à l’aise sur tous les terrains. On avait l‘impression d‘être des pionniers et de construire ça ensemble. On ne gagnait rien. Quand le privé est arrivé, des gens comme moi, comme Foucault, on était déjà dans le cœur des téléspectateurs. J’appartiens au public. Mais je pense que c’est le fait d’être du week-end qui m’a fait durer. Le week-end, toutes les générations regardent la télévision. Aujourd’hui, à la télé tous les plus de 50 ans sont partis. Tous les gens partent, même Pujadas. Il n’y a plus que Patrick Sébastien et moi. Aznavour m’a dit récemment : «tu as connu huit présidents en tant que présentateurs, tu en connaîtras dix».
Bientôt de retour pour son One man show
«Quelque chose qui a changé ma vie, c’est la scène. Je vais jouer mon spectacle cet hiver à Albi. À mon âge, c’est une folie totale. J’avais peur qu’on pense que je sois un animateur qui veut faire rire. Et j’ai fait 80 dates en un an. Ça dépasse plus que ce que j’imaginais, on me demande même de jouer dans tous les pays avec une communauté francophone. J’ai fait le Liban, je vais faire Israël, la Réunion, l’Angleterre. Mon spectacle avait fait parler de lui. Hollande était venu pour ma représentation le 15 janvier au lieu de suivre la primaire de la gauche.
À la fin de mon spectacle je raconte que j’ai rencontré deux filles qui vont à Marseille en train. Elles prennent le magazine du TGV, dessus il y a un Dechevanne et elles disent : c’est toute notre jeunesse “Le train arrive, elle me demande un selfie. Je leur demande : “Je suis quoi moi si Dechevanne c’est votre jeunesse ? Elles me répondent : “Vous, ce n’est pas pareil. Vous avez été vendu avec le poste “Ça voulait dire je n’ai pas d’âge».
Le Gran Fondo continue
C’est la dernière journée d’épreuves pour les championnats du monde de cyclisme amateur. Et certainement la plus attendue. La course en ligne verra s’aligner pas moins de 10 pelotons prêts à en découdre. Tous sont composés de 100 à 300 cyclistes. Deux parcours sont au programme. Le premier concerne les hommes de moins de 60 ans sur une distance de 155 km. Le second, long de 97 km est réservé aux femmes et aux coureurs de plus de 60 ans. Un dixième peloton unique en son genre partira. Il sera composé de jeunes cyclistes qui accompagneront une nouvelle catégorie. La catégorie 100 ans et plus dans laquelle concourra un seul coureur, le très célèbre Robert Marchand. Ce coureur français de 105 ans est le recordman de sa catégorie d’âge. Un parcours d’un peu plus de 20 km passant par Marssac a été créé spécialement pour lui par l’UCI. La fête se terminera avec la cérémonie de clôture à 17 heures au Parc des expositions. L’occasion d’un passage de témoin à la ville organisatrice du Granfondo UCI 2018, Varèse en Italie. Puis, viendra le tour du salon Vel’Occitanie, qui fermera ses portes à 19 heures.