Michel Drucker est ému quand il évoque Dalida. Il faut dire que l’animateur des mythiques Rendez-vous du Dimanche et de Champs-Elysées (Antenne 2, devenu France 2) a souvent reçu sur son plateau l’interprète de « Besame mucho » ou « Monday, Tuesday ». Il se souvient avec tendresse de celle qu’il appelle « Dali » et qui nous a quittés le 3 mai 1987, à l’âge de 54 ans.
Télé-Loisirs. Avez-vous vu le film de Lisa Azuelos consacré à Dalida ?
Michel Drucker. Oui et c’était très émouvant, car j’ai cru revoir Dali telle que je la connaissais. Il permet de mieux comprendre la femme qui se cachait derrière la star. C’est un film très réussi qui m’a replongé dans mes souvenirs.
Quel souvenir gardez-vous de Dalida ?
Celui d’une belle femme, solaire, qui malgré les sourires avait toujours de la tristesse dans le regard.
Comment l’expliquez-vous ?
Dali était comme Romy (Schneider, ndlr). Elle avait obtenu la gloire, elle était adulée mais finalement, elle n’avait pas la vie qu’elle aurait voulu avoir.
A vous écouter, c’était une femme mélancolique…
Ah non, pas seulement ! Je me souviens aussi de dimanche après-midi passés chez elle, dans sa maison de Montmartre, avec son frère Orlando et ma productrice Françoise Coquet à préparer des émissions. Elle avait beaucoup d’humour, on riait beaucoup. Elle avait une qualité rare dans le showbiz : elle était extrêmement bienveillante et ne disait jamais de mal de personne.
Sur les plateaux télé, était-elle la diva qu’on pourrait imaginer ?
Non. Elle était très professionnelle, toujours à l’heure et perfectionniste. Je crois pouvoir dire qu’elle avait à chaque fois le trac… Mais, pour moi, Dali, en coulisses, ce sont surtout de longues heures passées à se coiffer. Je la revois pendant les répétitions avec ses rouleaux dans les cheveux. Et puis, elle accordait beaucoup d’importances à ses robes de scène.
C’est sûr ! Elle aimait les paillettes…
(Il rit). Elle était toujours élégante. Dans les années 70, elle était sûrement la star de la chanson la plus élégante. Peut-être à part Sylvie Vartan ou chez les hommes Claude François. Pour ces artistes, la tenue faisait partie du show. Dali était une très belle femme qui savait mettre ses robes en valeur. Il n’y a personne comme elle aujourd’hui.
Que lui aura-t-il manqué selon vous ?
Une vie amoureuse épanouie et un enfant sûrement. Dali était à l’opposé des chansons légères que les gens retenaient. C’était une intellectuelle qui cherchait des réponses dans la philosophie et la psychanalyse. Mais le public n’avait pas cette image d’elle. Ce décalage, elle en a beaucoup souffert.