THIERRY ROLAND – « Je n’oublie pas ce qu’il a fait pour moi. Thierry a guidé les premiers pas de ma carrière professionnelle ». Quelques heures après l’annonce du décès de Thierry Roland, Michel Drucker raconte au Huffington Post les souvenirs qu’il gardera du journaliste sportif, l’une des figures les plus emblématiques du patrimoine audiovisuel français.

J’avais 23 ans et je sortais tout juste du service militaire quand je suis entré à l’ORTF en 1964. Thierry a été le premier à m’accueillir aux côtés de Raymond Marcillac, le patron du service des sports. C’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier. Je me souviens qu’il m’emmenait dans sa Triumph au Parc des Princes, à côté duquel il était né. Il m’avait présenté à Joseph Ujlaki, un joueur de légende du RC Paris.

Avec Georges Briquet, qui l’avait engagé à la RTF alors qu’il n’avait que 18 ans, Thierry reste le plus jeune journaliste sportif de l’histoire. En 1968, on a tous été viré, mais on est tout de même resté très lié.

Thierry a commenté 13 Coupes du Monde en soixante ans de carrière, c’est un recordman dans son genre. Il a connu Kopa et toutes les générations qui ont suivi, celle de Fontaine et Pelé, celle de Beckenbauer et Cruyff, celle de Platini, celle de Zidane, jusqu’à celle de Benzema.

On était d’ailleurs voisins de cabine entre 1970 et 1986 pour les cinq Coupes du monde que j’ai commentées, il m’avait offert une paire de ses fameuses lunettes jumelles (celles que Thierry Roland porte le 12 juillet 1998 pour le sacre de l’Equipe de France face au Brésil, NDLR), on avait l’impression d’avoir les joueurs à portée de main.

Thierry était fou de son métier, c’était un passionné de foot et de sport comme jamais je n’en ai rencontré. Il commençait toujours sa journée par une lecture minutieuse deL’Equipe. Il adorait la boxe et le tiercé mais il restera LA voix du football, comme Roger Couderc reste celle du rugby ou Léon Zitrone celle du cyclisme.

C’était un « titi » parisien, il avait un langage bien à lui, avec des tirades qu’on croyait sorties d’un film d’Audiard. Il oubliait parfois que les micros étaient ouverts et se lâchait comme s’il était avec des amis. Il ne faisait pas d’excès de diplomatie ou de prudence, Thierry était un véritable commentateur-supporteur. Avec ses commentaires de café du commerce, il ressemblait beaucoup aux supporteurs de l’Equipe de France.

C’était aussi un grand professionnel aimé des joueurs. Il tenait ses fiches à jour en permanence, était très pointilleux, précis dans son travail. Il a le mérite d’être resté légitime et crédible alors que certains de ses collègues avaient l’âge d’être ses enfants ou ses petits-enfants. Thierry avait commencé à une époque où les joueurs étaient encore approchables, il les connaissait tous. Michel Platini était d’ailleurs son ami personnel.

Aujourd’hui, il était plus critique mais aimait toujours passionnément le football. Il regrettait justement qu’il y ait tant de distances avec les joueurs. Il aurait été fou de joie de commenter le match de l’Equipe de France contre l’Ukraine.

J’ai une pensée pour sa femme Françoise et son fils Gary. Je lui dédierai le dernier Vivement Dimanche de la saison, le 24 juin.« 

  

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