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Ce lundi, Michel et son équipe reçoivent Mike Horn, aventurier hors du commun, qui vient nous parler de son expédition sur le PANGAEA.
Il est rentré mi-décembre de plus de 4 années de périple sur les mers du monde avec des dizaines d’adolescents.
Son objectif : sensibiliser l’opinion publique aux dangers qui pèsent sur l’environnement et impliquer la nouvelle génération dans la préservation de sa planète.
L’explorateur helvético-sud-africain Mike Horn a ramené jeudi 13 décembre au port de Monaco son voilier en aluminium, le Pangaea, après plus de quatre années de périple sur les mers du monde, accueilli par des dizaines de jeunes qui l’avaient rejoint pour douze expéditions extrêmes.
Au total, une centaine d’adolescents de 40 pays, âgés de 15 à 20 ans, ont participé à l’une des douze expéditions de trois semaines menées à partir du Pangaea dans les régions les plus reculées du monde. A leur retour chez eux, ils devaient aussi lancer localement des projets environnementaux concrets.
Quant à l’explorateur en chef Mike Horn, son plus beau souvenir est sans conteste l’arrivée dans l’Antarctique. Il en rêvait depuis l’âge de 8 ans et ses premières lectures d’explorateurs. « Le plus incroyable, ce sont les paysages. J’ai réalisé mon rêve d’enfant et je l’ai partagé avec des jeunes« .
Une façon de sensibiliser la jeunesse aux problématiques écologiques de notre époque, mais aussi de l’initier à tout ce que la nature peut avoir d’extrême, de beau, et de mystérieux.
Le mot Pangaea renvoie bien sûr à la Pangée originelle, continent unique qui devient ici le symbole de l’union solidaire de jeunes de tous horizons mus par un même amour de la planète.
PARU DANS MATCH
La traversée du pôle Nord de nuit, l’Himalaya sans oxygène… Mike Horn est le plus grand aventurier moderne. Il a tout vu sur Terre, y compris les dégâts. Alors, Pendant quatre ans, à bord de son « Pangaea », il a embarqué 190 jeunes pour éveiller leur conscience devant la beauté fragile de notre planète.
Paris Match. Comment est né le projet “Pangaea” ?
Mike Horn. De la frustration, gamin, de ne pas avoir embarqué à bord de la “Calypso”. J’ai découvert Cousteau à 11 ans. Ce fut un choc. Je voulais aller travailler sur son bateau, c’était devenu une obsession. Je lui ai écrit. Tous les jours, j’attendais sa réponse. Elle n’est jamais venue. Mais je suis devenu aventurier quand même ! Et, après toutes mes expéditions, je me suis souvenu de cet épisode en me disant que d’autres gamins rêvaient peut-être de faire comme moi.
L’histoire de ce bateau, baptisé “Pangaea” du nom donné à l’époque où le monde n’était qu’un seul et même continent, est incroyable. Vous l’avez fait construire dans une favela au Brésil, c’est cela ?
Pour embarquer des jeunes autour du monde pendant quatre ans, il me fallait un voilier fiable. Peter Blake avait racheté le bateau de Jean-Louis Etienne mais il a été tué en Amazonie. Sa femme m’avait demandé si je voulais le reprendre et continuer son expédition. Peter m’avait prévenu : “Ce bateau est bien, mais pas assez rapide pour toi. Construis le tien.” Mais je n’ai jamais eu d’argent, moi ! Je suis quand même allé voir un constructeur au Brésil. Il était d’accord pour faire les plans si je trouvais l’aluminium. J’en ai négocié 80 tonnes ! A crédit. Si je ne parvenais pas à payer, le bateau appartiendrait à mon prêteur. Je comptais bien trouver des sponsors plus tard. Et puis j’ai eu la chance de rencontrer des soudeurs d’usines nucléaires au chômage technique. Ils étaient payés mais ne travaillaient pas. Je les ai convaincus de m’aider. Et le seul endroit que j’ai trouvé pour la construction, c’était au pied d’une favela. Beaucoup de gens sont donc venus nous aider. Deux cents personnes travaillaient jour et nuit. En Europe, on me disait que cela prendrait trois ans. En onze mois, le “Pangaea” était fini.

Escale sur un iceberg, à Clyde River, dans l’est de l’île de Baffin. Photo Dimitry Sharomov et Mike Horn
Comment avez-vous choisi les enfants pour vous accompagner ?
Je pensais que les parents seraient horrifiés de laisser leurs enfants partir avec moi. Je croyais les rassurer en leur disant : “J’ai fait de l’extrême toute ma vie : donc, le ‘normal’ pour moi sera peut-être l’extrême pour vos enfants. Ils seront bien entourés, soyez sans crainte.” Ils étaient encore plus inquiets, en fait… Pour être sélectionné, il fallait faire un film de présentation en expliquant sa motivation. Il y a eu un premier écrémage effectué par un panel de gens de mon équipe et moi-même. Ensuite, on a réduit la liste à 24. On les a fait venir en Suisse, et on leur a fait passer des tests d’astronautes. Vraiment ! Ce n’était pas de la blague. On terminait par un raid de deux jours, sans dormir, dans les Alpes. On observait leur aptitude au stress, à la fatigue, etc. Je devais savoir si les gamins étaient solides. Capables de lire une carte, de porter les premiers secours… Il y a la résistance physique, bien sûr, mais aussi la psychologie. On choisit des leaders, des seconds, des bons soldats, des expansifs, des “un peu artistes” aussi. On crée une équipe. Par la suite, le groupe s’est étendu car, durant quatre ans, les équipes ont tourné. Je voulais des enfants de chaque continent. Il y a eu 400 candidats ; on en a sélectionné 200 au final, et 190 sont partis.
Comment avez-vous choisi les étapes du périple ?
Je voulais les emmener sur tous les endroits où la nature est en danger. On parle du réchauffement de la planète ; il fallait qu’ils voient l’Antarctique et effectuent eux-mêmes des prélèvements. Vérifier de visu si la pollution est une chimère ou pas, si le plancton est véritablement menacé. L’idée fondamentale de cette expédition était d’amener des jeunes du monde entier pour qu’ils constatent, puis en parlent autour d’eux à leur retour. Lire dans le journal que la banquise fond, c’est une chose. Ressentir la nature sur place en est une autre. Cette émotion-là est irremplaçable. Ça les change pour toute leur vie.
Quels furent les moments les plus marquants ?
En Arctique, on a croisé des ours polaires, sans glace pour vivre, obligés de nager continuellement. Quand les enfants voient ça, ils lisent dans les yeux de l’animal le stress, la fatigue, et même la colère. En Nouvelle-Zélande, on a observé des petits dauphins dans les fjords où l’eau est trop froide, à cause de la fonte des glaces, et qui finissent par mourir après avoir brûlé toutes leurs calories. Au Canada, je les ai emmenés récupérer des milliers de déchets de plastique arrivés là après le tsunami au Japon. Dans le Pacifique, nous avons plongé pour voir les ravages de la pêche à la dynamite. Des trous béants dans le corail, fabriqués par l’homme, quand on songe qu’il lui faut vingt ans pour se reconstituer…
Avez-vous été surpris par le comportement de ces adolescents ?
Oui. Ils ont le sens de l’urgence. Ils veulent réparer maintenant ! Pas attendre dix ans en “blablatant”, comme le font souvent les adultes. Nous sommes aujourd’hui à une fourche. Notre génération a pris la route de droite et, soyons honnêtes, ce n’est plus possible, passé un certain âge, de changer vraiment les mentalités et de revenir en arrière. Mais eux, parce qu’ils sont jeunes, peuvent emprunter l’autre chemin, celui du développement durable, du sens des responsabilités environnementales. Huit millions de jeunes ont suivi notre expédition sur Internet. Si demain l’un d’eux devient patron d’une grande boîte, il aura le souci de ne pas produire en faisant n’importe quoi sous prétexte qu’il faut faire du profit à tout prix.
Malgré toute leur bonne volonté, comment ces adolescents, du haut de leurs 17 ans, peuvent-ils empêcher le réchauffement climatique ?
Devant un problème, les adultes ont tendance à vouloir élaborer des solutions longues et compliquées. L’enfant est plus pragmatique. On consomme trop d’énergie ? OK. Dans leurs écoles, ils vont organiser une journée où tout le monde utilisera le vélo. D’autres ont, depuis, convaincu leurs établissements scolaires de baisser la température dans le lycée de 5 °C, et chacun mettra une couche de vêtements supplémentaire. Ils voient la simplicité des choses et l’impact immédiat. Nous pensons autour de notre problème, globalement. Eux réfléchissent à changer leur vie. Ici et maintenant.
Quel bilan tirez-vous de ces quatre ans d’expédition ?
Le résultat va au-delà de mes espérances. Au départ, il a fallu convaincre les gens. A commencer par les parents… Eux ne voyaient que le danger. Mais l’idée était simplement de montrer la beauté de la planète. Aujourd’hui, ce sont les parents qui me demandent d’emmener leurs enfants ! Les êtres humains sont ainsi faits : ils s’assoient d’abord pour regarder ce que font les gens. Et après, ils le font eux-mêmes.
Quel est votre prochain projet ?
La même chose mais en plus grand, et avec des adultes aussi. J’ai formé mes “soldats” dans quarantecinq pays du monde, qui, eux-mêmes, transmettent autour d’eux. Mais maintenant je veux mélanger l’énergie des jeunes et le savoir-faire des adultes. Je suis persuadé que le bon sens et celui des responsabilités sont contagieux. Il me faut un plus grand bateau : 70 mètres au moins, pouvant se piloter seul la nuit et aller jusqu’à 50 noeuds, avec des voiles solaires. On a passé trop de temps à naviguer. Celui-là devra pouvoir traverser l’Atlantique en trois jours. Il me faut 30 millions d’euros sur dix ans.
Votre philosophie, c’est un peu plus vite, plus grand et tout de suite !
Je suis un aventurier, pas un environnementaliste. On n’a pas besoin de faire plus de recherches qu’il n’en existe déjà. Des tonnes de bouquins poussiéreux s’entassent dans les librairies sur “comment combattre la pollution”. Qui en fait quoi ? L’expédition ne va pas changer le monde, mais c’est une façon de dire : “On y va !” Je veux recycler mon bateau pour en faire des capsules d’aluminium pour mon sponsor Nespresso ; et après, si les gens les rapportent, ça me permettra de faire mon deuxième navire. L’aluminium a la propriété de garder son énergie et d’être réutilisable plusieurs fois. Ça, c’est concret.
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