S’il est une personnalité médiatique attachante dans le milieu de la chanson et de la variété, c’est Michel Drucker. Un homme au top de l’animation télé depuis des lustres qui en a connu des vedettes. Mais toutes et tous ne sont pas devenus des amis comme l’était Jean Vallée pour lui et sa femme Dany Saval. En témoigne avec quelle promptitude, quelques heures à peine après l’annonce du décès de «l’ami Jean», il a accepté de bousculer son agenda, il était en tournage, pour s’entretenir avec nous sur Jean Vallée, allant même jusqu’à téléphoner, en duplex, à Dany, «merci chérie, bisous», pour nous apporter une précision…
Dany « leur » partenaire
Face à cette disparition, Michel Drucker va droit au but, même si on sent que s’entrechoquent vie privée et vie publique, souvenirs et hommages…
«C’est une grande tristesse. Je partage le chagrin de son épouse, de ses amis. Je savais qu’il était gravement malade. Il est venu chanter chez moi il y a à peu près deux saisons. Je savais qu’il avait un problème au poumon. Vous savez Jean était un ami, mon épouse Dany était très liée à Jean aussi. Ils avaient présenté à la télévision belge il y a des années une émission ensemble. Pour moi, Jean était un des plus grands interprètes de sa génération… J’avais de ses nouvelles régulièrement. Par Adamo, je suis très lié à Salvatore également. C’est vrai que J’imagine le chagrin que les Belges doivent ressentir aujourd’hui. Et tous ses amis chanteurs… La dernière fois que j’avais eu de ses nouvelles au téléphone il m’avait dit que ça allait à peu près. Mais c’est vrai qu’il avait ça et que ça le minait beaucoup. Il était très anxieux de savoir qu’il avait ce pépin au poumon. Et en plus pour un chanteur! Ce qu’ils redoutent le plus les chanteurs c’est ça, c’est l’accident pulmonaire, le problème qui va les empêcher de chanter. Et je trouve qu’il a eu un courage formidable car il chantait encore il y a un an. La chanson c’était toute sa vie. Il somatisait beaucoup depuis quelques années, depuis qu’il a ça, je l’ai toujours vu très très inquiet. Il passait des contrôles et encore de nouveaux contrôles. Et voilà, ça le démoralisait beaucoup…»
Et d’ajouter, «j’ai su par un de ses meilleurs amis, le chanteur belge Jean-Jacques Kira, qui avait appelé ma femme avant-hier, pour lui dire que Jean était parti en Belgique. J’ai senti à ce moment-là qu’il allait finir ses jours dans son pays. Il nous avait prévenus hier qu’il allait mal…»
Puis de revenir sur leur rencontre, «son» coup de cœur plus que tout autre pour l’artiste verviétois.
«J’ai connu Jean, à l’époque des Misérables de Robert Hossein. Il a été dans la première version des Misérables au Palais des Sports qui est devenue ensuite un triomphe planétaire. Dans cette version, il était Javert. Un Javert éblouissant. C’est le plus grand choc que j’ai eu, je vous le dis. Il y a 40 ans au Palais des Sports…Extraordinaire qu’il était en Javert. Tous ceux qui aiment Jean Vallée, je leur demande de réécouter, l’album des Misérables de la 1re version qui est resté 3 mois au Palais des Sports il y a 40 ans. Avant que les Misérables ne soient adaptés à Londres puis ensuite fasse sa carrière mondiale aux États-Unis. Son interprétation du personnage de Javert, je me répète, est l’un des plus grands moments que j’ai vécu».
Une «connaissance» mutuelle entamée également sur d’autres plateaux, à l’Eurovision en 1978 comme au Don Camillo où «je l’ai beaucoup vu» confie Michel Drucker. «C’était un très grand chanteur, un très très grand interprète. Bruxelles est une chanson qui me bouleverse. Il a tout chanté. C’était un des meilleurs interprètes de Jacques, de Brel bien sûr».
La comparaison avec Brel? Sur ce point Michel Drucker balaie toute polémique.
«Je pense que Brel l’aimait surtout beaucoup. Il a mis en valeur à sa manière, si tant est qu’il y a besoin de mettre en valeur le répertoire de Jacques… Pour moi il était aussi talentueux dans l’interprétation des chansons que Jacques l’était!»
Utime confidence de Michel Drucker, ce qui l’a le plus marqué… «J’ai fait il y a quelques années une émission ‘Tenue de Soirée’sur la Grand’Place de Bruxelles. Il était là, il a chanté. Il était tellement heureux de chanter dans son pays, dans cette ville qu’il a si bien chanté. Ça, c’est un moment qui restera très important pour moi. Présenter Jean dans «sa» ville, c’était la première fois que je le présentais à Bruxelles, dans «Tenue de Soirée», où il y avait tous les amis belges qui étaient là. Frédéric François. Benoît Poelvoorde, Cécile de France… Il y avait tous ceux qui portent haut les couleurs de votre pays».
«Sa» conclusion? «Je vais signer mon livre «De la lumière à l’oubli» justement à Namur samedi après-midi et j’en profite pour dire que j’aimerais bien qu’on n’oublie pas Jean Vallée!» Message reçu!
Propos recueillis par Jean-Louis Rensonnet